« Dans sa séance générale du mercredi 5 juin 1850, la Société d’encouragement pour l’industrie nationale a décerné une médaille d’argent à Madame Élisa Mantois, pour le coloriage des dessins, principalement d’anatomie, et pour l’application du blanc de zinc à l’aquarelle. »

M. Alphonse Chevalier est chargé du rapport au comité des arts chimiques sur les dessins coloriés d’anatomie de Madame Mantois.

Ce rapport riche d’enseignements présente le métier de coloriste, les recherches et les différents apports de Madame Mantois quant aux techniques d’enluminure appliquées en particulier aux sujets anatomiques et à la préparation du blanc de zinc dont elle a contribué à répandre l’usage.

« Madame Mantois a consacré une partie de son temps à étudier les ouvrages qui traitent de son art, à suivre les cours faits par Monsieur Michel-Eugène Chevreul, à étudier les couleurs, leur fixité, les changements qu’elles éprouvent par le contact de l’air, de la lumière ; elle acquit ainsi, par l’étude et l’observation, des connaissances profondes qu’elle appliqua et qu’elle propagea chez les ouvrières d’un atelier qu’elle a élevé et dans lequel on trouve des femmes qu’elle emploie depuis vingt-deux ans. »

M. A. Chevalier détaille également comment Madame Mantois a procédé pour mettre en couleur les planches du « Traité complet de l’anatomie de l’Homme ».

« Alors Madame Mantois, surmontant le dégoût qu’inspire, en général, à la femme la vue des débris de nos organes, alla étudier sur la nature les objets dont elle devait reproduire les couleurs. C’est en étudiant ainsi qu’elle est parvenue à donner à la reproduction des organes ce cachet de vérité qui caractérise les planches coloriées du grand ouvrage d’anatomie dont vous avez eu un spécimen sous les yeux, en même temps que celui d’ouvrages publiés antérieurement. »

M. A. Chevalier expose enfin les études de Madame Mantois relatives au blanc de zinc, à ses qualités et à ses usages.

« Ce blanc est fixe, il s’emploie avec facilité, il se superpose sur les couleurs qui peuvent se sulfurer, il les maintient dans leur état normal.
Le blanc, dans le plus grand nombre de cas, devant représenter des saillies pour passer du blanc au noir, il en résulte que souvent, au lieu d’obtenir des saillies, on obtient des anfractuosités, ce qui détruit l’effet du coloris. Le blanc de zinc ne présente pas ses inconvénients. »

M. Alphonse Chevallier, au nom du comité des arts chimiques, Société pour l’encouragement de l’industrie nationale, Rapport sur les dessins coloriés d’anatomie de Madame Élisa Mantois, Paris, Imprimerie de Madame Veuve Bouchard-Huzard, 1850
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France